Le pneu Ascend de Yokohama intègre de l’huile d’orange.
(Photo: Yokohama)
Les fabricants de pneus affichent leur préoccupation environnementale. Pour verdir l’image de leurs produits, ils prennent des chemins parfois très originaux.
Réduire l’utilisation de caoutchouc asiatique ou en trouver une source proche et renouvelable sans pour autant affecter le prix ou la performance du pneu : c’est le défi auquel est confrontée l’industrie. L’introduction de composantes plus proches de la nature semble être la voie de l’avenir.
À l’huile d’orange
Depuis les années 1980, Yokohama mise sur l’huile d’orange. Cette matière surprenante, tirée de l’écorce d’orange, serait l’une des plus collantes de toutes les matières naturelles. « L’ingrédient que nous en tirons remplace une partie des dérivés pétroliers que nous
utilisons traditionnellement pour réduire le pourcentage de caoutchouc synthétique dans nos pneus », explique Philip Diogenes, directeur de la planification et du marketing du fabricant japonais. « Il entre dans la composition de certains de nos produits depuis 2009. »
Les résultats de tests comparatifs avec des pneus de la même catégorie d’autres marques indiqueraient que le pneu est aussi durable et offre moins de résistance au sol, réduisant ainsi la consommation de carburant.
C’est aussi ce qu’avance le fabricant Goodyear, qui, lui, compte sur l’huile de soya pour réduire la quantité de pétrole qui entre dans la fabrication de ses pneus. Les recherches ont été lancées en 2012. L’entreprise annonce que l’ajout de cette huile dans sa recette prolongerait de 10 % la durée de vie de la bande de roulement.
Cendre de riz
Chez Goodyear, c’est la cendre d’écales de riz récupérée lors du processus de transformation de cette céréale pour produire de la silice qui entre dans la composition des pneus. Cet ingrédient surprenant vient remplacer une partie du noir de carbone comme agent de durcissement dans le caoutchouc. Cette silice réduit la résistance au roulement.
En juin dernier, le fabricant signait une entente d’approvisionnement en silice de cette nature avec un grand transformateur alimentaire chinois, se garantissant les volumes nécessaires à la production d’une première gamme de pneus sur cet important marché. La même entreprise étudie également la possibilité d’introduire de l’huile de soya dans la conception de ses pneus pour réduire la proportion de pétrole qu’ils contiennent. Les recherches ont été lancées en 2012 pour prolonger de 10 % la durée de vie de la bande de roulement.
Un buisson à la rescousse
Un autre volet important de la recherche porte sur le remplacement du caoutchouc importé par un produit local, plus vert. Bridgestone, par exemple, s’est lancé dans la production de caoutchouc à partir du guayule, un buisson poussant naturellement aux États-Unis. Présentement 90 % du caoutchouc provient d’Asie. Le fabricant croit tellement aux avantages environnementaux de produire cette matière sur notre continent qu’il a créé un immense centre de recherche en Arizona, entièrement consacré à cette plante. L’objectif consiste à en extraire un caoutchouc qui sera ensuite mis à l’épreuve dans les ateliers techniques de l’entreprise en Ohio et au Japon. Pour l’instant, aucun prototype n’aurait été mis à l’essai.
Des pissenlits dans la recette
La course au caoutchouc naturel prend une tout autre direction chez Continental et Cooper, qui explorent la possibilité de tirer du caoutchouc de la racine du pissenlit russe (taraxacum). Le projet est maintenant en phase d’essais. Des pneus, composés de cette matière végétale ont déjà été testés en conditions estivales et hivernales. On avance même que la commercialisation de ces pneus pourrait
Le pneu Ascend de Yokohama intègre de l’huile d’orange.
(Photo: Yokohama)
Un premier pneu de tourisme produit avec de la silice tirée de
la cendre d’écales de riz sera introduit sur le marché chinois.
(Photo: PRNEWSWIRE)
Le prototype de pneu Continental est composé en partie de caoutchouc naturel tiré de la racine du pissenlit russe.
(Photo: Continental)
